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Six rivières de brume

Et oui, c’est le temps de se réjouir! Pourquoi? Et bien, parce que c’est cette semaine (du jeudi 29 mars au dimanche 1er avril) que se déroule le Salon du livre de Trois-Rivières, un de nos favoris!

Nous y allons depuis de nombreuses années et à chaque fois, nous en revenons le sourire aux lèvres. Nous avons toujours vécus de belles rencontres là-bas.

En parlant de rencontres, pour cette édition, nous vous proposons de venir discuter avec les auteurs suivants:

– Dave Côté (Noir Azur, roman de science-fiction) VENDREDI ET SAMEDI

– Caroline Lacroix (Flyona, novella de science-fiction) VENDREDI ET SAMEDI

– Mathieu Fortin (Morphoses, recueil de nouvelles fantastique)

Pour plus de détails, rendez-vous ICI.

 

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Comme dans le temps

En fin de semaine, Les Six Brumes participent pour une deuxième année au Salon du disque et des arts underground de Montréal. Nous y aurons une table de vente avec des prix d’amis… dont un exemplaire de L’AURORE à 8$, oui, oui, 8$ comme dans le temps, en 2002! Au plaisir de vous y voir! 🙂

 

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Un Empereur pour Karsar

Vient maintenant le tour de Guillaume Houle à rendre hommage à L’AURORE. Il y a dix ans, il fit naître son pseudonyme L’Empereur Ghoule pour sa première nouvelle publiée, KARSAR, dans les pages du collectif. Cet alter-ego rôde toujours, silhouette rappelant celle de la Faucheuse, et sa faux attend de nouvelles victimes, ses prochains lecteurs…

« Électron libre gravitant autour du projet de L’Aurore par le biais de mon ami Jonathan Reynolds, j’ai été en peu de temps impressionné par l’aspect concret du projet. Bien que cela puisse paraître étrange, 10 ans et 23 publications des Six Brumes plus tard, l’idée de participer comme auteur à la création d’un « vrai livre » me semblait être un pas de géant vers la concrétisation de ces rêves fous qu’on imagine à l’entrée dans la vie adulte.

En réalité, ma contribution du côté des Six Brumes allait plutôt me permettre de développer des talents dans un aspect du travail que je n’imaginais pas encore tout à fait : soutenir les créateurs et leurs créations. C’est en effet dès 2001 que je me suis joint aux Six Brumes à titre d’agent de promotion, dans le but de vendre le maximum de copies de L’Aurore possible.

La succession des événements demeure floue dans mon esprit : lancement au Petit Musée de l’Imaginaire de Montréal (aujourd’hui défunt), vente inespérée de 30 exemplaires de L’Aurore à la Foire du disque indépendant (FOIN) de Montréal, consignation de copies dans des librairies et magasins de jeux de rôles… je ne me souviens plus du reste.

En 2012, 10 ans après la naissance de L’Aurore, je réalise que je lui dois beaucoup. C’est grâce à ce projet de fou, né de la rencontre de Marki St-Germain et de Jonathan Reynolds, si j’oeuvre aujourd’hui à titre de directeur des publications de la maison d’édition Les Six Brumes et d’agent de développement  culturel au Conseil de la culture de l’Estrie, deux occupations qui me permettent d’aider la relève québécoise & francophone à faire son chemin dans le merveilleux monde des arts et lettres québécois, canadien et international.

Merci, L’Aurore.

– Guillaume Houle, directeur des publications et alter-égo de l’Empereur GHOULE »

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Un clin d’oeil au passé en regardant vers l’avant

Pour ce nouveau billet concernant le dixième anniversaire de L’AURORE, nous avons demandé à Marie-Josée Morin, graphiste de la première heure, avant que Jimmy Plamondon ne prenne le flambeau (de L’Aurore à Nocturne), de partager avec vous ses souvenirs. C’est elle qui a assuré la mise en page intérieure de L’AURORE et qui a trouvé la typographie du titre. Dix ans plus tard, elle travaille comme archiviste.

Mon hommage à L’Aurore

Par Marie-Josée Morin

Les éditions Les Six Brumes ont déjà soulignées leur 10e anniversaire. Maintenant, les célébrations tournent autour du premier opus, L’aurore, recueil de textes hors des sentiers battus auquel j’ai candidement contribué pour une première version de la mise en page. Candidement, car je n’aurais jamais imaginé qu’une décennie plus tard, 22 publications auraient été mises en page dans le même format! 

Le titre de ce premier livre évoque pour moi sa position de premier opus; l’aurore, la lueur, le commencement de l’aventure de la maison d’édition, avec ses embûches et ses joies auxquelles j’ai toujours prêté l’oreille, malgré la distance (merci le web et les médias sociaux!). 

Dès le départ, avec ce projet de maison d’édition, Jonathan et Marki se sont entouré de passionné(e)s et de mordus du domaine fantastique, fantasy, horreur, policier ainsi que de science-fiction (et dans mon cas, une curieuse de ces genres littéraires peu diffusés!). Je crois que c’est encore le cas aujourd’hui avec tous vos auteurs et collaborateurs. J’ai été enchantée d’être une de vos acolytes et je vous souhaite tout plein de plaisir dans la lecture, l’écriture et la publication!

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Après Clair-Obscur, il y a L’Éclaircie

Nous en sommes au troisième billet pour célébrer le dixième anniversaire de L’AURORE et cette fois-ci, le témoignage prend une forme vraiment unique.

Élisabeth Désourdy, auteure de la nouvelle CLAIR-OBSCUR dans le recueil, emprunte le chemin de la fiction en guise d’hommage.

Après avoir habité quatre ans au Pérou, où elle a fait de la narration orale de contes, elle a reprit la plume pour vous concocter une suite à CLAIR-OBSCUR. Voici donc L’ÉCLAIRCIE :

Éclaircie

Par Élisabeth Désourdy

L’horreur durait depuis si longtemps qu’elle ne savait plus quand elle avait commencé. La vie était souffrance et épuisement. La terreur et l’angoisse lui avaient rongé si avidement l’intérieur qu’elle s’étonnait de ne pas s’envoler lorsque le vent se levait. Elle était la coquille de celle qu’elle avait été jadis.

Jadis… À une certaine époque cela avait été un mot doux, gorgé de souvenirs ensoleillés par l’innocence de l’enfance, mais la misère lui avait tout volé : sa liberté, sa dignité, sa capacité de toucher au bonheur, ne serait-ce qu’un instant.

Éveillée, elle luttait. Contre les éléments, contre la faim, contre la soif, contre les souvenirs sombres. Elle luttait. Non par dévotion, non par entêtement, tout simplement parce que c’était tout ce qu’elle savait faire maintenant. Elle qui avait fait trembler des hordes entières d’ennemis, elle luttait maintenant pour maintenir un semblant d’humanité en elle.

Elle n’était plus rien, mais elle luttait.

Le plus atroce était lorsque le sommeil la prenait par surprise. Ses rêves Lui appartenaient alors. L’innommable qui lui avait tout arraché, qui l’avait déchue, souillée, bafouillée, tuée tout en la laissant vivante.

Il l’attendait, l’écho de son rire cruel le précédant. Elle courait, mais ses pas étaient toujours trop lents, trahis par la fatigue de son esprit. Elle trébuchait, se lacérait les jambes, aveuglée par les larmes qui coulaient le long de ses joues creuses, tel un fleuve furieux et tourmenté. Les éclats

secs de sa moquerie la poursuivaient, chaque croassement se logeait comme un poignard dans son échine courbée par le poids de la défaite.

Et lorsque, sans efforts, il la rattrapait, elle mourait à nouveau. Cent fois, mille fois. Elle mourait pour revenir et souffrir davantage. Lui jouissait, se vautrait dans le sang que son âme versait à flot.

Puis venaient les autres. Ses créatures fidèles, immondes, sans honneur, avides de pouvoir. Elle était leur bête de cirque. À leur grande joie, Il la déshabillait, la torturait, l’humiliait. Parfois, Il la dépeçait centimètre par centimètre, ou il couvrait sa peau de furoncles et de verrues grotesques, ou se donnait l’apparence de ceux qu’elle avait aimés lorsqu’elle savait encore le faire.

Patiemment, il attendait le moment ou ses supplices deviendraient insupportables. Le moment où elle s’avouerait vaincue et ouvrirait la bouche pour hurler.

Il étouffait sa brève délivrance du revers de la main en lui brisant la mâchoire avec son poing de fer. Elle se réveillait alors en sursaut, la bouche pleine de terre fangeuse et le fossile de son cœur empli de rage.

Et la vie qui n’en était pas une, continuait son cours circulaire et infernal.

Jusqu’au jour où…

De l’autre côté de l’épais rideau de brume que la douleur avait tissé autour d’elle, vint un être étrange et fabuleux.

L’espoir.

L’espoir avait des mains capables mais douces, des yeux énormes et bons et, surtout, la mémoire des temps ancestraux. L’espoir portait en lui l’image d’un homme qui s’était levé devant l’obscurité menaçant d’anéantir tout ce qu’il chérissait et qui avait triomphé. Un homme qui était devenu la lumière du monde. Elle était son sang et l’espoir le savait. L’espoir l’avait ressuscitée et l’avait fait voyager jusqu’aux confins d’elle-même. L’espoir lui avait rendu son reflet.

L’espoir.

Un soir où les rayons de la lune avaient presque réussi à percer l’épaisse couche de nuage qui servait désormais de firmament, il avait prononcé la formule la plus puissante qui soit :

« Tu n’es pas seule. »

Ces mots lui furent l’effet d’une lampée d’eau-de vie, enflammèrent doucement chaque partie de son âme.

Quelque chose de fort comme la vie se mit à bouillir en elle. Son visage se transforma, laissant entrevoir la beauté qu’il avait arborée autrefois. Ses lèvres, d’abord tremblantes, se muèrent tranquillement pour esquisser un sourire paisible, puis sa bouche s’ouvrit.

Elle ria. Elle chanta. Son chant, inespéré après tant d’années d’errance, d’abord rauque, s’amplifia, s’enrichit, se transforma. Complexe, insaisissable et irrésistible, l’univers entier sembla s’y joindre.

Cette nuit-là, ce fut Lui qui trembla. L’Éclaircie s’amorçait.