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Après Clair-Obscur, il y a L’Éclaircie

Nous en sommes au troisième billet pour célébrer le dixième anniversaire de L’AURORE et cette fois-ci, le témoignage prend une forme vraiment unique.

Élisabeth Désourdy, auteure de la nouvelle CLAIR-OBSCUR dans le recueil, emprunte le chemin de la fiction en guise d’hommage.

Après avoir habité quatre ans au Pérou, où elle a fait de la narration orale de contes, elle a reprit la plume pour vous concocter une suite à CLAIR-OBSCUR. Voici donc L’ÉCLAIRCIE :

Éclaircie

Par Élisabeth Désourdy

L’horreur durait depuis si longtemps qu’elle ne savait plus quand elle avait commencé. La vie était souffrance et épuisement. La terreur et l’angoisse lui avaient rongé si avidement l’intérieur qu’elle s’étonnait de ne pas s’envoler lorsque le vent se levait. Elle était la coquille de celle qu’elle avait été jadis.

Jadis… À une certaine époque cela avait été un mot doux, gorgé de souvenirs ensoleillés par l’innocence de l’enfance, mais la misère lui avait tout volé : sa liberté, sa dignité, sa capacité de toucher au bonheur, ne serait-ce qu’un instant.

Éveillée, elle luttait. Contre les éléments, contre la faim, contre la soif, contre les souvenirs sombres. Elle luttait. Non par dévotion, non par entêtement, tout simplement parce que c’était tout ce qu’elle savait faire maintenant. Elle qui avait fait trembler des hordes entières d’ennemis, elle luttait maintenant pour maintenir un semblant d’humanité en elle.

Elle n’était plus rien, mais elle luttait.

Le plus atroce était lorsque le sommeil la prenait par surprise. Ses rêves Lui appartenaient alors. L’innommable qui lui avait tout arraché, qui l’avait déchue, souillée, bafouillée, tuée tout en la laissant vivante.

Il l’attendait, l’écho de son rire cruel le précédant. Elle courait, mais ses pas étaient toujours trop lents, trahis par la fatigue de son esprit. Elle trébuchait, se lacérait les jambes, aveuglée par les larmes qui coulaient le long de ses joues creuses, tel un fleuve furieux et tourmenté. Les éclats

secs de sa moquerie la poursuivaient, chaque croassement se logeait comme un poignard dans son échine courbée par le poids de la défaite.

Et lorsque, sans efforts, il la rattrapait, elle mourait à nouveau. Cent fois, mille fois. Elle mourait pour revenir et souffrir davantage. Lui jouissait, se vautrait dans le sang que son âme versait à flot.

Puis venaient les autres. Ses créatures fidèles, immondes, sans honneur, avides de pouvoir. Elle était leur bête de cirque. À leur grande joie, Il la déshabillait, la torturait, l’humiliait. Parfois, Il la dépeçait centimètre par centimètre, ou il couvrait sa peau de furoncles et de verrues grotesques, ou se donnait l’apparence de ceux qu’elle avait aimés lorsqu’elle savait encore le faire.

Patiemment, il attendait le moment ou ses supplices deviendraient insupportables. Le moment où elle s’avouerait vaincue et ouvrirait la bouche pour hurler.

Il étouffait sa brève délivrance du revers de la main en lui brisant la mâchoire avec son poing de fer. Elle se réveillait alors en sursaut, la bouche pleine de terre fangeuse et le fossile de son cœur empli de rage.

Et la vie qui n’en était pas une, continuait son cours circulaire et infernal.

Jusqu’au jour où…

De l’autre côté de l’épais rideau de brume que la douleur avait tissé autour d’elle, vint un être étrange et fabuleux.

L’espoir.

L’espoir avait des mains capables mais douces, des yeux énormes et bons et, surtout, la mémoire des temps ancestraux. L’espoir portait en lui l’image d’un homme qui s’était levé devant l’obscurité menaçant d’anéantir tout ce qu’il chérissait et qui avait triomphé. Un homme qui était devenu la lumière du monde. Elle était son sang et l’espoir le savait. L’espoir l’avait ressuscitée et l’avait fait voyager jusqu’aux confins d’elle-même. L’espoir lui avait rendu son reflet.

L’espoir.

Un soir où les rayons de la lune avaient presque réussi à percer l’épaisse couche de nuage qui servait désormais de firmament, il avait prononcé la formule la plus puissante qui soit :

« Tu n’es pas seule. »

Ces mots lui furent l’effet d’une lampée d’eau-de vie, enflammèrent doucement chaque partie de son âme.

Quelque chose de fort comme la vie se mit à bouillir en elle. Son visage se transforma, laissant entrevoir la beauté qu’il avait arborée autrefois. Ses lèvres, d’abord tremblantes, se muèrent tranquillement pour esquisser un sourire paisible, puis sa bouche s’ouvrit.

Elle ria. Elle chanta. Son chant, inespéré après tant d’années d’errance, d’abord rauque, s’amplifia, s’enrichit, se transforma. Complexe, insaisissable et irrésistible, l’univers entier sembla s’y joindre.

Cette nuit-là, ce fut Lui qui trembla. L’Éclaircie s’amorçait.

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Un visage pour L’Aurore

 

Dans la même lignée que le précédent billet, nous continuons à célébrer le dixième anniversaire de notre premier livre publié, L’AURORE, en partageant avec vous un deuxième hommage, écrit par Jimmy Plamondon. Maintenant policier, il a été graphiste pour les Six Brumes de nombreuses années. C’est à lui que nous devons le logo de la maison d’édition et la maquette graphique de nos livres. Bref, c’est lui qui a donné un visage à nos publications.

Sans toi, Jimmy, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Merci de la part de toute l’équipe.

Mon hommage à L’Aurore

Par Jimmy Plamondon

Je connaissais Jonathan Reynolds depuis le cégep, puis on s’était perdu de vue à mon départ de Sherbrooke, en 1999. J’étais parti avec mon diplôme de graphisme sous le bras vers le soleil couchant. Dans une décision toute aussi clichée que ma dernière allusion, je suis parti vers Montréal.

J’ai revu Jonathan fortuitement sur un boulevard à Montréal. Quand il m’a parlé de son projet de livre, Jo avait une petite lumière dans les yeux. En fait, peut-être plus un brasier, qui illuminait toutes les qualités de son projet. Une flamme née de sa grande passion.

Je n’ai pas hésité à me joindre à lui.

Projet audacieux,issu de la passion de beaucoup de gens, produit à la fois local et de partout au Québec, L’AURORE fut une belle réalisation. C’est L’AURORE qui ouvrit la porte à bien d’autres projets d’écritures tous plus intéressants les uns que les autres. Grâce à ce bouquin, plusieurs auteurs se sont fait connaître.

Jonathan m’avait demandé de trouver une identité visuelle à la maison d’édition et à la page couverture de l’aurore. J’ai planché longuement, moi aussi avec passion. Je voulais quelque chose de différent et d’accrocheur. Quelque chose qui déclare haut et fort au monde de l’édition que les 6 brumes débarquaient en ville (et en campagne).

Je suis fier d’avoir fait parti du projet pendant plusieurs années. Ça constituera toujours une fierté d’avoir aidé à réaliser L’AURORE.

Longue vie aux Six Brumes. Puisses les vingt prochaines années être emplies de succès! La littérature québécoise a besoin de vous!

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En contemplant le lever du soleil

Il y a dix ans déjà, vous teniez entre vos mains la clé. Il ne vous restait plus qu’à déverouiller la porte de votre imagination vers cet univers encore inexploré.

Et vous avez :

Chevauché les mondes de la Fantasy
Rampé dans les dédales de l’Horreur
Navigué dans l’espace de la Science-Fiction
Enquêté dans les coulisses du Policier
Basculé dans l’ombre du Fantastique
Nagé dans l’Inconnu

Vous aviez lu un recueil qui dévoilait une nouvelle génération d’auteurs qui ont guidé dans des histoires demeurées secrètes jusqu’à ce jour… il y a dix ans.

Et oui, il y a dix ans, Les Six Brumes publiaient L’AURORE, son premier titre, maintenant épuisé.

Célébrons! Mais pas seuls… non, célébrons avec vous et avec tous les auteurs et artisans qui ont donné vie à ce projet dont nous sommes fiers.

Au fil des jours, nous allons mettre en ligne des témoignages sur L’AURORE.

Commençons avec le témoignage d’Eve Patenaude (auteure de la nouvelle FOURRURES ET SOIERIES dans le recueil L’AURORE et auteure de la série PULSARS publiée chez La Courte Échelle) dont le plus récent titre se nomme LE JARDIN DE STATUES, premier d’une série intitulée LA TOUR DE GUET.

 

Mon hommage à L’Aurore

Par Eve Patenaude

 

La parution du recueil de nouvelles L’Aurore en 2002 fut un moment de grand bonheur et d’excitation dans ma vie d’auteure, puisqu’il m’a permis de publier mon tout premier texte. Depuis, mon écriture a beaucoup changé, mais je ressentirai toujours une certaine tendresse pour ces premières lignes, imprimées dans un vrai livre… (avec un ISBN et tout!) Cependant, ce qui m’a rendue vraiment fière à l’époque, c’est d’être témoin de l’accomplissement remarquable de mes amis Jonathan Reynolds et Guillaume Houle (ainsi que Marki St-Germain, que je ne connais pas personnellement), qui ont dû braver de nombreux obstacles pour réaliser leur rêve : fonder une maison d’édition à leur image. Je les ai côtoyés au Cégep de Sherbrooke, et je les admirais en secret pour la flamme vive, lumineuse comme un phare, qui les habitait. Elle brûle encore aujourd’hui, à travers les Six Brumes. C’est un honneur, une source d’inspiration pour moi de connaître des gens aussi passionnés. Je les remercie de tout cœur de m’avoir invitée à participer à leur aventure. Longue vie aux Six Brumes!

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Le Sycomore de Marki St-Germain

Marki St-Germain est, entre les replis des ombres, le vice-président de la maison d’édition Les Six Brumes, gardien du siège social de Drummondville et gestionnaire de la danse des chiffres de l’entreprise.

Il est aussi l’initiateur des Six Brumes, une idée qu’il a transmis à Jonathan Reynolds lors d’un cours en création littéraire à l’UQAM en 2001. Réfugié sous l’encre des pages des 22 publications de la maison d’édition, Marki a longtemps profité du manteau de la noirceur pour dissimuler au monde ses noires écritures. Mais puisqu’aucun secret ne dort à jamais, la patience et l’assiduité de Jonathan, qui l’a souvent encouragé à dévoiler cette histoire, a porté fruit :  Le Sycomore de Marki St-Germain, écrit lors des débuts de la maison d’édition il y a dix ans, est sorti de la tanière du passé pour renaître dans le monde virtuel.

Se déroulant dans le village de Silent Valley – village fictif de Jonathan Reynolds raconté dans le roman Ombres et le recueil Silencieuses, ainsi que dans plusieurs autres nouvelles de son cru -, Le Sycomore de Marki St-Germain présente l’histoire d’un groupe de collégiens défiant l’interdit pour tenir une fête d’Halloween une vieille maison abandonnée, et les conséquences qui s’ensuivent.

Faisant écho à H.P. Lovecraft au passage (auteur du L’Appel de Cthulhu), cette nouvelle marie la puissance de l’imaginaire aux aspects techniques du réel. En effet, le récit a été réécrit en incluant des notions de construction, dans l’intention d’être diffusé à des étudiants dans le cadre d’une formation en Technologies de l’estimation et de l’évaluation de bâtiment au Cégep de Drummondville.

Disponible au coût de 2$ sur Prologue Numérique au format PDF, Le Sycomore inaugure aussi une nouvelle collection des Six Brumes intitulée SX2.0 . Cette nouvelle collection, aux pages couvertures issues d’un croisement entre la Collection Nova et la collection NRF de Gallimard, sera consacrée aux récits publiés uniquement au format numérique.

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Les Brumes dans le Temps!

La maison d’édition Les Six Brumes sera présente au Salon du livre de Montréal.

Comme le slogan de cette année est LE LIVRE, MACHINE À VOYAGER DANS LE TEMPS, profitons-en, montons tous à bord et partons à l’aventure! Qui sait jusqu’où elle nous conduira?

Voici l’équipage de cette machine, prêts à vous emmener loin, très loin avec leur imaginaire sans limite :

 

Caroline Lacroix (FLYONA)

Vendredi 18 novembre : 18h30 – 20h00

Samedi 19 novembre : 13h30 – 15h00

Dimanche 20 novembre : 10h00 – 11h30

 

Marie Laporte (KINDERESSER)

Dimanche 20 novembre : 14h30 – 16h00

Carl Rocheleau (L’AQUILON)

Samedi 19 novembre : 15h00 – 16h00

Dimanche 20 novembre : 13h30 – 14h30

 

Vous retrouverez ces trois auteurs au kiosque 502 (Prologue).

La machine à voyager dans le temps est prête à décoller, il ne manque plus que vous! Cet évènement se déroule du mercredi 16 novembre au lundi 21 novembre à la Place Bonaventure (800, rue de la Gauchetière Ouest).

Pour plus d’informations, visitez le site internet du salon.

Bon voyage!