Pour couronner cette fin de prévente annuelle, quoi de mieux qu’un extrait du feuilleton de Christian Sauvé, « Pax Victoriana », à venir sur la République du Centaure :
«
Une autre journée, un autre petit désastre pour l’Europe.
Édith se trouve en Italie, sur une montagne n’ayant comme seul intérêt que d’abriter l’une des routes pavées utilisés par les nouveaux transports commerciaux. Sur cette route repose les débris fumants d’un transport de marchandise, détruit par ce que les témoins ont appelé « une lance de feu ».
— Ça ne s’améliore pas, dit Gergana en examinant les débris aux côtés de son assistante.
— On dirait que ça empire. Nous en sommes rendus à, quoi, deux ou trois incidents à chaque jour?
— De quatre à cinq, selon Heinrich.
Quotidiennement, des piqûres viennent agacer l’Alliance Européenne. Des manufactures sabotées au Danemark, en France et au Portugal. Des centres de données détraqués en Belgique et en Hongrie. Des accidents fâcheux pour des chefs de chantier un peu partout. Des provocations syndicales, des manifestations qui tournent mal, des magouilles financières exposées au grand jour …
— Ceci n’est vraiment pas subtil, dit Édith. On est loin des accidents ou des désastres reniables.
Un missile qui vient détruire un camion dans les Alpes italiennes: il s’agit d’une véritable attaque, et un signe d’escalade.
— Avec des missiles guidés, on ne parle pas non plus de truands de bas-étage.
Ce n’est pas non plus l’œuvre de terroristes, séparatistes, criminels ou opportunistes. Peut-être que certains des incidents tombent dans cette catégorie, mais le niveau de technologie est autrement trop élevé pour être attribué à autre que l’Empire Britannique ou bien les Frontistes. Sauf qu’Albion a des ententes particulières avec l’Alliance Européenne, et aucune raison de venir leur causer du tort étant donné leurs visées isolationnistes.
— Ça ne peut qu’être les Anglais, dit Gergana en confirmant les pensées d’Édith.
— Reste à comprendre ce qu’ils veulent si soudainement.
— Peut-être qu’il s’agit d’une punition pour la transfuge.
Édith pousse un grognement. Le problème avec une telle hypothèse, c’est que Heinrich ne rapporte aucune des communications diplomatiques voilées qui accompagnent une telle campagne de sanctions: comment alors influencer le comportement d’un adversaire? D’un point de vue personnel, Édith aurait préféré éviter toute attention politique européenne sur l’opération clandestine qu’elle est en train de mener.
Elle regarde à nouveau le camion calciné. Il lui manque une partie de l’équation. Elle y réfléchi encore un moment…
— Comment savaient-ils frapper ce camion? Se dit-elle soudainement.
Elle se retourne vers Gergana.
— C’est leur coordination et leurs sources d’information qui doivent nous inquiéter.
Puis son visage se durcit. Si leurs sources d’information sont si bonnes… peut-être qu’il y a là une opportunité à exploiter.
»